Dans
le Grand Hall, des milliers d’yeux scrutaient les panneaux
d’affichages, les horaires de départs décalés ou annulés, et les
arrivées retardées. C’était
donc une journée idéale pour une certaine profession, où les proies étaient
abondantes et fragiles. Le Grand Hall et les quais étaient aussi le
terrain de chasse favori des détectives privés de tout bord, déguisés
souvent en touristes ou militaires en permission, si ce n’est en badaud
lamda. Ils
fusillaient les au- revoirs, les embrassades, les étreintes collées serrées
des amoureux, des amants et des maîtresses adultères. Les
appareils photos numériques du dernier cri leurs permettaient d'une
nettetée irréprochable des prises de
vue et des petites séquences vidéos en toute discrétion. C’était une
journée florissante, fort bénéfique et un régal inégalable pour une
telle profession, mais pour les victimes se serait une autre paire de
manches, ce serait plutôt le début de la descente en enfer.
Au bout de
cinq voire six minutes de combat acharné contre cette marée humaine,
j’atteignis le stand d’information, où il y avait une très, très
longue file d’attente. L’horloge centrale du Grand Hall indiquait dix
heures quarante-six passées. Que vais-je faire ?
Disais-je, faire la queue comme tout le monde ? Ou … au culot… _
Pardon ! Pardon ! S’il vous plaît, excusez-moi, j’ai juste
une carte à remettre à l’hôtesse d’accueil, criais-je. Merci, merci
beaucoup !
Je remarquais que les uns et les autres commencèrent à me faire
place « laissez le passer ! le pauvre avec son couffin rose,
il a juste une carte à donner et ça ne prendra pas plus d’une seconde ». |
|
- 36 -