Une journée ordinaire de Monsieur Kop          

                                                    

                                    

         

 

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_ Bonjour monsieur Stan, comment allez-vous ?

_ Ah !  ----  Bonjour Jessy.

_ Que faites-vous à l’arrêt du bus, vous allez quelque part ?

_ Je ne sais pas, Jessy.

_Vous n‘avez pas l’air très en forme ?

_ Je suis perdu, complètement hors du temps.

_ Allez, montez ! Je vous ramène chez vous et on discutera en route. ---- Jessy se gara à côté de l’arrêt du bus à une centaine de mètres de l’entrée de la Cité des roses et aida monsieur Stan Winfields à monter dans la voiture.

    Âgé d’une soixantaine d’années, Il paraissait plus vieux, comme si le fait de conserver durant tant d’années les secrets de ses passés douloureux avait fini par entamé sa résistance. Il était un homme doux, avec un sourire prompt et généreux. Il arborait des lunettes teintées de vue rondes à la John Lennon, qui vous faisait vaguement penser à votre oncle préféré. Très grand, il se tenait toujours un peu voûté, comme s’il avait l’habitude de pencher pour écouter ses pensionnaires (les petits enfants pour les leçons d’équitation). Il portait une veste en cuir onéreuse, sur un col roulé couleur rouille avec un par-dessus bien molletonné. Il avait du charme et de l’allure, la première impression qu’il vous donnait, était celle du type qui, même vêtu de son plus beau complet, n’hésite pas à changer votre roue. Monsieur Stan Winfields était le dernier maréchal-ferrant de la Cité des roses, voire de Terra-polis.

 

 

     

 

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