Le papillon des Mille-Etangs  

                                          

                                      

 

            

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Elle se rendit près de la baie vitrée, contempla la nuit. L’obscurité invitait à la réflexion, et aux errances de la pensée. Le déluge de juin s’abattit. On aurait dit que le monde entier s’était embrasé et que la terre tremblait sous les craquements du tonnerre. Mégane se faisait  aussi petite qu’elle le pouvait. Il faisait si noir à présent que, sauf lorsqu’un éclair déchirait l’obscurité, elle ne distinguait même pas les troncs des sapins à vingt mètres d’où elle se tenait. A quelque distance de là, un gros arbre mort se dressait tel un fantôme chaque fois que le feu balayait le ciel.

Rapidement comme un coup de poignard, Mégane éprouva soudain une vive douleur. Chancelante elle fit volte-face, comme pour affronter un agresseur ou un monstre. Rien ne la menaçait, mais la douleur restait vive. La poitrine oppressée elle étouffait, ne respirant qu’avec peine. Elle sentait sur sa nuque l’air froid de la nuit, elle éprouvait comme un vertige.

D’un regard circulaire, elle s’assura qu’aucun accident extérieur ne le justifiait. Le malaise s’intensifia si douloureusement qu’elle fût contrainte de se tenir bien droit, les mains crispées au niveau de la taille.

 

 

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