Une
super brune, au regard de braise, elle portait un jeans fatigué, une
chemise froissée, et n’ayant pas eu le temps de se passer du gel dans
les cheveux. Elle
ajoutait : _
Il paraît que la fin de l’hiver va être très bizarre. J’écoutais
la radio ce matin dans la voiture en venant, ils disaient qu’il allait
faire très froid à l’approche des vacances de Février, et puis que ça
redeviendrait printanier au début du mois de Mars. _
C’est fort possible, en tout cas je l’espère,
concordais-je. Pas
d’arrêt. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai et bien rester
derrière la bande jaune.
Au même moment, des rires et des brouhahas d’une bande
d’adolescents semblaient venir de derrière mon dos. Leur bousculade me
fit basculer à droite et vers l’avant. A la vitesse de l’éclair,
j’attrapai le blouson d’un garçon glissé en direction de la voie, en
le plaquant sur le quai, comme au Football américain. Un bruit
assourdissant et un vent glacial me fouettèrent le visage quelques
secondes, cela me parut une éternité. Une peur viscérale anomale, me
figea. Mon cerveau et mon corps me disaient que je n’aurais pas le temps
d’éviter cette mort atroce et évidente. Des images se bousculèrent en
un éclair dans ma tête : Lilie, un soir elle était particulièrement
belle, dans une longue robe de velours brodé, couleur bleu nuit, Tahiti,
Rio, les Caraïbes, L.A, San Francisco, Hong Kong. Des bribes de souvenirs
forts et violents qui s’entrechoquaient, se mêlaient. Le TGV est passé.
Nos têtes se sont arrêtées à une dizaine de
centimètres environ du rebord de la voie. _
Dieu est encore avec nous, mon garçon. Oh !
Oh ! , ça va mon fiston ? Ouvre tes yeux. T’es toujours avec
nous ? Appelez une ambulance et le chef de gare, hurlais-je.
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