Je sentis soudain que
quelqu’un m’observait, du bout de la banquette côté opposé, près
de la fenêtre. Une jeune femme, enveloppée dans un manteau en fausse
fourrure de renard bleu, elle était éblouissante, un ventre légèrement
bombé, peut être enceinte de douze à seize semaines, son maquillage,
plein de douceur, gommait son côté Femme d’affaire, elle
souriait de temps à autre en me faisant un petit signe.
_ Jacques ! disait Johnny Paterson, c’est impardonnable de ma
part de n’avoir pas pu vous remercier pour le coup de pouce du job
d’Alain à la Unions Banks.
_
Et alors comment va-t-il ? Ça lui plait au moins, ce boulot ?
_
D’après ce qu’il dit, le directeur est très content de son travail.
Jacques, je vous présente notre nouvelle recrue.
_
François, « Monsieur Jacques Valentin ».
_
Enchanté Jacques !, je suis François Pignon.
_
Bienvenue François !, répondais-je.
Probablement une
cinquantaine d’années, c’était un homme barbu, avec une longue
queue-de-cheval grisonnante et son visage gardait le souvenir de plusieurs
bagarres. Il portait une veste de cuir noir sur un pull à col-roulé
gris-clair imprimé du cycle Harley Davisson et son portefeuille était
accroché par une chaîne à son jeans. Sans aucun doute, c’était un
Biker mordu dont le moindre centimètre carré de peau visible, tête et
cou y compris, était tatoué.
François a un
petit problème à son œil droit, me racontait Johnny, en massant
doucement son cou avec la main droite et les yeux mi-clos, comme s’il
avait un nerf coincé quelque part. C’était son tic habituel, chaque
fois qu’il prenait la parole.
_
En effet, j’avais remarqué depuis un petit moment, il me semblait
qu’il avait du mal à coordonner son geste pour poser ses cartes au bon
endroit. François, si vous permettez, je peux jeter un coup d’œil à
votre œil droit ?
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