Le papillon des Mille-Etangs  

                                          

                                    

 

 

 

_ Oui, on dirait qu’il s’affole, surexcité. J’ai l’impression qu’il n’est pas content du tout. Il vient de se reposer à nouveau,  en haut, sur le rebord du vaisselier.

 Un courant d’air froid envahit la pièce.

_ On a laissé les fenêtres ouvertes, ma grande ?

_ Non, je ne crois pas, petite sœur.

 Les deux portes vitrées du vaisselier frémissaient, le meuble entier tremblait et  les yeux de Mégane brillaient comme ceux d’un chat éblouit par des phares. Les deux sœurs frissonnaient, tremblaient comme une feuille. Les deux portes s’ouvrirent violemment ; les assiettes de collection présentes depuis des lustres, s’envolaient une à une comme des soucoupes volantes et flottaient en l’air. A cet instant, Mégane tapa du poing sur la table et hurla de colère :

_ S’il y en a une, qui tombe par terre, je vous jure que nous mettrons le feu à cette maudite baraque et nous la quitterons sur le champ. Je vous ai promis mon aide, je tiendrai ma parole. Laissez nous en paix. Nous sommes fatiguées, Vous m’entendez !!!

Le papillon blanc battit doucement les ailes en signe d’approbation et les assiettes restèrent figées en apesanteur, puis docilement prirent le chemin inverse ; l’une après l’autre, à la queue leu-leu, regagnèrent le vaisselier sans aucun bruit.

 

 

 

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