Elancé, entre quarante-cinq et cinquante ans, à peu près le même âge que Marie, Donato Jr avait un sourire prompt et généreux et un regard intelligent.

Il portait une veste sport marron, un pantalon souple brun foncé et une cravate imprimée marron et beige, remarqua Jenny.

Marie vint se mettre sur le canapé, à côté de Jenny et son ami reprit sa place sur son fauteuil à sa droite.  

 _ J’ai tenu à ce que vous soyez les premiers informés, dit le lieutenant en guise de préambule.

 Il y avait  un moment de silence. Avant même que Jenny ne s’exprimât, Marie avait compris l’essentiel de son message. En cette fin de matinée, leur visite confirmait l’hypothèse la plus pessimiste, formulée la veille par Marie. Les deux femmes se regardèrent et se comprirent. Jenny lui prit la main et acquiesça de la tête.

_ Toutes les analyses que nous procédons, correspondent parfaitement. Sans aucun doute, c’était belle et bien la demoiselle Lucie. Nous sommes sincèrement désolés.

Des larmes perlaient au bord de ses cils roux et son visage plein de taches de rousseurs était creusé, sa peau marbrée. Le sentiment de désespoir que Marie s’efforçait de réprimer la submergea d’un coup, et une douleur aigüe lui transperça le cœur. Donato Jr mettait la main sur son épaule pour la consoler sans dire mot. Monsieur le maire détournait ses regards hagards en fixant les cadres des murs. Il jeta un coup d’œil derrière lui. Dans sa poche, ses doigts triturèrent sa pince à billets.