Le papillon des Mille-Etangs  

                                          

                                      

 

                                                                      

      

   

         

_ Je vous en prie, dit le lieutenant, avec un sourire de satisfaction. Tôt ou tard, tu vas trébucher et je t’aurai, mon coco.

 Il était impossible de changer de place ; les dés furent jetés. Leurs emplacements étaient séparés par deux rangées de tables et de surcroît, ils se retrouvaient dos à dos, le lieutenant et son ennemi juré, le sénateur. A cet instant précis, la guerre des observations commença : Mickey vs Mouse. Ils se regardèrent de temps à autre en retournant légèrement la tête par dessus de leurs épaules en projetant un regard noir de haine. Si le vieil adage qui prétendait que l’on pouvait tuer d’un regard avait été vrai, alors l’un ou l’autre serait tombée raide morte sur-le-champ.

 Dans l’habitacle, on entendait bougonner Francky en bataillant avec son Hot-dog.

_ Ça me dégoûte. Depuis des années que je bouffe cette saloperie de Hot-dog; alors pendant ce temps, ils se goinfrent et s’arrogent de champagne à gogo. Que le monde est injuste. T’as vu ce camion de traiteur de luxe garé chez le proprio… Tony ? Ça me dégoûte !

_ Je compatis à tes peines, Francky. Mais, avoue que ce ne sont quand même pas par leurs fautes que t’es né sous une mauvaise étoile et je t’économise le reste, répliqua-t-il avec un sourire espiègle. Soudain, s’écria Tony. Regard Francky ! Qu’est-ce que je vois ? Nom de dieu, de dieu ! La limousine est en train de sortir de la propriété.

 

 

 

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