Le papillon des Mille-Etangs  

                                          

                                    

 

 

    

Ça faisait trois quarts d’heure que nous roulions, elle marmonna quelque chose dans ses moustaches :

« _ Je n’ai rien compris ! Qu’est-ce que tu dis ?

_ Tu sors par la porte N° 10.

_ Tu es sûre? Sûre ?

_ Oui ! Oui ! »

Tout à coup, on se retrouva en pleine campagne aussi déserte qu’un no man’s land, puis elle cria :

«  _  Freine, freine, recule ! Il y a un chemin là, à ta gauche, vas-y ! »   

L’imbécile, elle m’a fichu une trouille bleue, j’avais la chair de poule et des frissons partout. Je lui demandai :

« _ Qu’est ce qu’il y a au bout ?

_ Je ne sais pas, dit-elle, il me semble que je suis déjà passée par là et peut-être que ma maison est au bout. Qui sait ! »

Alors je ne te dis pas, ma grande, ma surprise.

_ Et alors !

_ Et alors, cinq ou six cent mètres plus loin, pas plus, une immense et vieille baraque se dressait devant nous. A côté du portail, un panneau «  A vendre : Agence immobilier Les Mille Etangs, Tél : 666.23.36. ». Je me rappelle encore de ces trois chiffres 666. Et puis, elle descendit de la voiture en me disant :

« _ Voilà ! Bienvenue chez moi ma chérie !

_ Et depuis quand ? Tu ne m’en as jamais parlé.

_ Je ne savais pas. Maintenant je sais.

_ Et comment ?

_ Je sais, c’est tout. Tu sais ce qu’on va faire ?

_ Non, dis-moi.

_ On va en centre ville et on va y passer le week-end. »

 Il faisait déjà nuit, quand nous sommes arrivées devant l’auberge. Ce n’était pas difficile de trouver, c’était la seule du village, « Auberge des Mille Etangs ».

   L’auberge était presque vide à cette époque de l‘année. On prit une chambre double.

 

 

 

 

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